Les Maisons de l’Alimentation Durable (MAD) de Charleroi Métropole et de Liège (MAdiL) jouent un rôle crucial dans la promotion d’une alimentation saine, locale et équitable en Wallonie. Face aux défis environnementaux, de santé et de justice sociale, leur action est indispensable. Alors que le soutien régional pourrait cesser en 2025, il est vital de pérenniser et développer ces initiatives pour garantir à tous un accès à une alimentation durable. Découvrez notre carte blanche pour comprendre l’importance de ce soutien.

En 2021, deux Maisons de l’Alimentation Durable (MAD) ont vu le jour : la MAD de Charleroi Métropole -à l’initiative du secteur associatif- et la Maison de l’Alimentation durable et inclusive de Liège (MAdiL) – à l’initiative de la Ville de Liège et de la Ceinture Aliment-Terre Liégeoise (CATL). Or, le soutien mis en place par la Wallonie dans le cadre de la stratégie

« Manger Demain » prendra fin en juin 2025, si aucune perspective de pérennisation n’est prévue d’ici là.

Toutes deux signataires du Pacte de Milan, les Villes de Charleroi et de Liège ont développé des politiques alimentaires à l’échelle de leur territoire. Les MAD sont les vitrines de ces nouvelles pratiques alimentaires plus saines, plus locales et plus équitables.

Manger de manière durable une alimentation de qualité est un enjeu majeur pour la Wallonie face aux défis liés à l’environnement, à la santé et aux inégalités sociales. En effet, notre modèle dominant est celui de l’agroalimentaire industriel.

En Wallonie, l’alimentation représente 12 % de l’empreinte carbone des ménages, tout en jouant un rôle majeur dans la perte de la biodiversité.

L’alimentation est un élément déterminant de la santé : 19 % des plus de 18 ans déclarent un cholestérol trop élevé, 8 % un diabète, 19 % de l’obésité sévère, avec une aggravation de ces chiffres en fonction du niveau socio-économique ou d’éducation. L’alimentation industrielle ultratransformée fournit déjà un tiers des apports caloriques des ménages belges (davantage chez les enfants et les jeunes) avec un risque sanitaire accru.

Un habitant sur quatre (25,8 %) vit dans un ménage en situation de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale.

Cette situation a un impact direct sur la consommation d’une alimentation à moindre coût et de moindre qualité. Elle conduit aussi à la précarité alimentaire comme l’atteste le recours croissant à l’aide alimentaire.

Déployer des « MAD » en Wallonie est une réponse à ces enjeux.

Les MAD participent aux dynamiques de transition alimentaire à l’échelle locale et renforcent la démocratie et l’inclusion alimentaire. L’évaluation commune des projets met en évidence des points à généraliser sur le territoire wallon.

Les MAD informent et sensibilisent les citoyens à l’éco-citoyenneté et à la santé alimentaire au travers d’actions concrètes et reproductibles (ateliers culinaires, tables d’hôtes, activités d’autoproduction, visites de terrain, rencontres de producteurs…). Elles contribuent à reconnecter les mangeurs avec les producteurs en circuit court, des marchés, des épiceries locales et solidaires, des groupes d’achats communs (GAC)…

Pour l’ensemble de la population, il s’agit de renforcer les savoir-faire culinaires et la capacité de poser des choix en fonction de ses ressources, de ses contraintes, de ses envies, de ses priorités.

Les MAD s’adressent à des publics parfois éloignés de l’alimentation durable. Des accompagnements spécifiques, organisés en collaboration avec des structures relais auprès des ménages les plus précaires, permettent de coconstruire des solutions concrètes pour faciliter l’accès à une alimentation durable à prix abordable.

Sorte de « guichets uniques de l’alimentation durable », les MAD entendent devenir des centres de ressources et répondre aux demandes diverses en termes d’outils d’animation, de supports documentaires, de personnes ressources…

Elles sont un point de ralliement pour les acteurs locaux qui souhaitent échanger sur leurs pratiques et leurs publics et les mutualiser dans des projets communs. Elles contribuent à faire connaître ces acteurs auprès d’un large public.

Enfin, elles ont clairement un rôle à jouer en matière de formation. Celles-ci peuvent à la fois cibler des acteurs de terrain mais aussi des citoyens bénévoles via des formations d’ambassadeurs de l’alimentation durable. Ce type de formation permet d’outiller et d’accompagner les participants pour les mettre en capacité de développer des projets citoyens en faveur d’une alimentation plus durable et plus inclusive.

Elles constituent l’un des maillons du système alimentaire local et ont pleinement un rôle à jouer en termes de démocratie alimentaire, de manière complémentaire et en partenariat avec les dynamiques innovantes de territoire telles que les Conseils de Politique Alimentaire (CPA) ou les ceintures alimentaires.

De plus, les MAD actuelles peuvent mettre leur expertise au service de la création de nouvelles MAD, ce qui pourrait déboucher sur l’émergence d’un réseau wallon de MAD contribuant à accélérer la transition vers un système alimentaire durable et équitable.

Nous sommes convaincus que les MAD peuvent faciliter l’information et l’adhésion des publics aux nombreux enjeux de la transition alimentaire, à savoir : l’accès de l’ensemble de la population à une alimentation saine et équilibrée, locale et de qualité, à un prix juste pour le mangeur et le producteur.

Pour toutes ces raisons, nous demandons à la Wallonie et aux responsables politiques concernés par la question alimentaire de soutenir, de façon structurelle, les Maisons de l’Alimentation Durable et leur développement à l’échelle de la région.

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